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Revue de presse La première minute
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Le bref clip ci-dessous nous montre l'arrestation d'un journaliste de CUTV, peut-être pour cause de sac à dos et foulard. Il ne dure qu'une minute. Regardez-moi ça.
«Le SPVM arrête un journaliste de CUTV. Raison: sac à dos et foulard rouge»
Vidéo ajoutée sur YouTube le 9 juin par MrTherio6.
Policiers, un rappel que n'importe qui a le droit de vous filmer, même les imbéciles et les p'tits cons...
Depuis le début du conflit étudiant, l'équipe de CUTV (Concordia University Television) a fait un travail remarquable dans la couverture des manifs. Leurs images ont souvent été saisissantes et leurs caméramen se sont placés au coeur de l'action, faisant régulièrement preuve d'un courage indéniable. Et, non, je ne les qualifierais pas, eux, d'imbéciles.
Images à l'appui, les équipes de CUTV se sont régulièrement fait brasser par la police. Par contre, le clip ci-haut de l'arrestation du journaliste de CUTV, sans son contexte, est difficile à décoder. Pour ceux qui l'ignorent, il est nécessaire de préciser que leur journalisme en est un engagé. L'image ci-dessous «The Revolution will be Televised», est placée en page d'accueil de leur site Web et sur leur page Facebook.
Souvent, les journalistes de CUTV interpellent verbalement les policiers pendant leurs reportages. Il est compréhensible que ce type de journalisme puisse être perçu comme un irritant permanent pour les policiers du SPVM plutôt que du «vrai» journalisme.
Mais tant que les faits sont correctement rapportés, je n'ai rien à redire contre un journalisme clairement engagé et prenant fait et cause pour les carrés rouges et contre la loi 78.
L'esprit de la loi est de leur côté. Point. De plus, pour tout policier municipal, ces mêmes empêcheurs de danser en rond pourraient très bien devenir des alliés utiles dans un autre dossier au poids médiatique nul et aussi dangereux pour les libertés individuelles que la loi 78: le projet de loi 31 du gouvernement du Québec, adopté dans l'indifférence générale en mai dernier.
Même si cela relève parfois de la politique-fiction, des lois peuvent se changer. Dans le contexte actuel, le seul gouvernement qui serait susceptible de le faire en serait un formé par le Parti québécois ou, à tout le moins, un gouvernement porté au pouvoir par des carrés rouges et leurs sympathisants.
Hum, pas sûr que le PQ oserait ou même le veuille mais ce ne sera certainement pas le Parti libéral.
Vous penserez à ça, mes beaux grands amis.
Gens des médias, engagés, je vous invite à vous livrer à l'exercice contraire. Je précise ma pensée plus bas...
* * *
Jean-François Néron, Le Soleil, 2010-03-16
Périlleux de photographier des policiers en action...
«Un homme de Québec a appris qu'il était périlleux de vouloir photographier des policiers de Québec dans l'exercice de leurs fonctions. Il dit avoir passé une nuit en prison et avoir reçu une contravention pour désordre après avoir pris deux clichés d'une intervention policière qui se déroulait pourtant en pleine rue.»
Jean-François Néron, Le Soleil, 2010-03-16
Légal de filmer une arrestation
«Les experts consultés par Le Soleil sont unanimes: à l'heure des iPhone et des Blackberry, tout citoyen a le droit de filmer ou de photographier une intervention policière.
«Les policiers empêchent les gens de filmer une arrestation sous prétexte que ça constitue une menace, mais c'est tout à fait illégal. Les journalistes font ça depuis des années, les citoyens ont ce même droit. Il n'y a rien dans la loi qui permet à un policier d'empêcher ou d'arrêter quelqu'un pour ça.»
Le criminaliste Reynald Beaudry est tranchant sur la question. La seule nuance qu'il apporte est sur l'utilisation que peut faire un citoyen de ces images. «S'il les diffusait pour en tirer profit, par exemple, peut-être pourrait-on demander de les retirer [de l'espace public] pour atteinte à l'image.»»
Mais n'oublions pas les coups de couteau dans le dos habituels faits aux policiers, légalement et toujours avec le sourire
Quand un corps de police est placé en position de commettre une «bavure» ou un abus de pouvoir en suivant des directives politiques «off the record», je garde toujours en tête deux choses. Un, il n'y a rien de plus loyal que le politicien moyen. Deux, le même politicien risque d'être défait aux prochaines élections par un candidat l'haïssant à s'en confesser.
Dans de telles circonstances, il faut parfois offrir au public une brebis sacrificielle. Ou bien c'est le chef des chefs, ou bien c'est un des agents sur le terrain. Je laisse les policiers qui font le beat juger laquelle de ces options est la plus souvent retenue.
Dans le climat actuel de polarisation sociale et politique au Québec, à peu près tout est politiquement imaginable dans les prochaines années.
* * *
David Santerre, La Presse, 2012-06-11
Le SPVM dément faire du profilage politique
«Le directeur de la police de Montréal, Marc Parent, dément toute forme de profilage politique tel que décrit par la CLASSE, et affirme plutôt que les fouilles et arrestations préventives du week-end sur le site du Grand Prix et ailleurs étaient nécessaires, comme en font foi les armes et objets saisis.
«Il y avait des menaces sérieuses pour perturber le Grand Prix lui-même. Les pièces que nous avons saisies ont démontré l'orchestration de tout ça. On a saisi une poche de hockey contenant des simulations d'armes à feu et de lance-roquette (au métro Berri-UQAM sur le quai de la ligne jaune, direction parc Jean-Drapeau) et une imitation d'AK 47 (dans une station de Laval)», assure Marc Parent.»
Catherine Lalonde et Raphaël Dallaire-Ferland, Le Devoir, 2012-06-11
Carrés rouges, vos papiers!
- On fait juste ça, du profilage criminel
- Un agent du SPVM aux journalistes du Devoir. Peu importe le reste, il semble maîtriser sa sémantique.
«Sont-ils réels, ces contrôles d’identité dans le métro pour les porteurs de carrés rouges, dont on entend parler depuis le début du Grand Prix de Montréal? Ceux qui affichent être contre la hausse des frais de scolarité se font-ils désormais fouiller, inviter au poste de police le plus près, comme on le raconte sur les réseaux sociaux depuis plusieurs heures? Samedi, deux journalistes du Devoir ont entrepris de tirer l’affaire au clair en épinglant sur leur poitrine des carrés rouges avant de s’engouffrer dans la gueule du métro. Résultat? Interpellation rapide, détention pour fin d’enquête. «On fait juste ça, du profilage criminel», a indiqué de suite un des agents du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) lors de la fouille de nos journalistes.»
«En retournant vers le métro, histoire de rebrousser chemin, les deux journalistes croisent François Arguin, 37 ans, microcaméra au poing, qui filme, dit-il, toutes les manifestations depuis l'adoption de la loi 78, et qui les aborde, étonné de voir des carrés rouges en ce lieu. «Moi je n’ai pas mis le mien exprès parce que je voulais pouvoir filmer sans problème.»
«L’agent blessé au bras monte le ton: «Tu penses que c’est ça, un camp de concentration? J’ai eu de la famille, moi, dans des camps de concentration, t’as aucune idée de quoi tu parles. Ça n’a rien à voir, parle pas de ça.»
>>>>> Texte complet. À lire. <<<<<
Témoignage de Francois Arguin sur le profilage politique au Parc Jean-Drapeau le samedi 9 juin 2012
«En chemin vers le site pres de la biosphere, je dis au policier Durocher que les menottes me font mal, il se mets a me donner des petites tapes sur les mains pour que ca fasse encore plus mal.»
Nicolas Quiazua, Le Délit, 2012-06-10
Arrêté pour cause de journalisme
Le Délit est un journal étudiant de l’Université McGill.
«Même question qu’à l’habitude: «Êtes-vous membre de la FPJQ?». Même réponse: «non». Il est important de noter qu’aucun journaliste n’a l’obligation d’être membre de la Fédération. Ce n’est ni un ordre ni un titre.»
«J’avais en ma possession ma caméra et un sac. Tout en mettant leurs mains dans mes poches, les deux agents m’ordonnent de leur donner mon outil de travail et mon sac pour procéder à une fouille. Je leur fait savoir verbalement mon refus à toute fouille. Un des deux policiers s’empare des deux objets, alors que l’autre me tord le bras derrière le dos. Lorsqu’on arrive au périmètre de sécurité érigé sur le site, les policiers me menottent. Je demande à avoir leur numéro de matricule. Il faudra que je patiente jusqu’à l’arrivé de leur supérieur, l’inspecteur Alain Simoneau, et près d’une heure d’attente pour...»
Donner les numéros matricules des agents à chaque fois, une bonne idée?
Monsieur Quiazua me donne l'impression d'avoir fait un excellent travail de journaliste. Un mot cependant pour tous ceux qui font du journalisme tout court ou citoyen. Les numéros matricules des policiers, parfois les noms, on les connaît mais on essaye toujours de ne pas trop s'en rappeler. Dans les textes précédents, François Arguin et les journalistes du Devoir ont fait le même choix éditorial que Monsieur Quiazua.
Il y a plusieurs semaines, je n'ai pas battu le tambour au sujet d'une agente du SPVM, au poivre de Cayenne aussi enthousiaste qu'inutile, selon moi, et retirée des manifs étudiante depuis. Après avoir visionné le clip sur YouTube, pris connaissance des faits, j'en ai conclu que dans ce cas particulier, le droit à l'information du public et à la justice tout court rendait justifiable la publication de son numéro matricule et que ses actions reçoivent l'attention nécessaire. Cette agente, déjà condamnée en déontologie policière, le matricule 728, s'appelle Stéphanie Trudeau.
À la décharge du commandement du SPVM, je suis toutefois on ne peut plus conscient du prix à payer de ces conventions collectives qui protègent tout le monde, même les imbéciles.
Nous sommes tous humains, sujets à la colère. Imparfaits. Et les médias sont aussi souvent forcés de nourrir une machine médiatique à l'appétit dévorant. Le témoignage de Monsieur Arguin, rédigé et mis en ligne à chaud, a exigé par la suite plusieurs correctifs au niveau des faits.
Les médias traditionnels ont beaucoup de pouvoir. Et celui du journalisme citoyen va croissant.
Depuis le début du conflit, les attaques répétées contre la police m'ont mis mal à l'aise parce que la plupart du temps injustes. Par contre, c'est toujours une mauvaise idée de faire des pieds de nez ou de serrer les menottes un peu trop fort à des gens assis sur des barils d'encre ou de bande passante - n'est-ce pas, agent j'fais semblant de pas me rappeler? Remarquez, je n'ai pas été témoin de l'incident. Mais s'il s'est vraiment déroulé tel que rapporté et/ou que j'avais des confirmations raisonnables, je vous aurais probablement nommé gros comme ça:
«Constable 728: A Star is Born». Vidéo ajoutée sur YouTube le 20 mai par 69duderino, à partir des images de CUTV.
On s'en reparle. À froid, posément. Plus tard.
- Éric de la Noüe
P.S.: Libérer les chevaux? Qu'est-ce que vous aviez fumé ce soir-là, les enfants?
À PROPOS
Une sélection des nouvelles et prises de position essentielles pour suivre le conflit étudiant et le débat sur la loi 78 sans se sentir obligé d'y passer des heures.
Au niveau éditorial, cette Revue de presse est contre la loi 78 mais pro paix sociale et résolument au centre. L'information n'y est jamais présentée au détriment des faits. La sélection retient des points vue divergents et fait aussi place aux médias dits «alternatifs».
À cet effet, la Revue de presse a sept lecteurs: deux «X» de droite carrés verts, leurs enfants carrés rouges, leurs grands-parents, carrés blancs... et vous.
- Éric de la Noüe.
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